
Comme remède aux états d’âme, « ceux de 70 » connaissent l’inépuisable praticien qui répond – presque – sans jamais faillir à cette inaltérable hypocondriaque que fut la « Noiraude ».
Ambiance campagnarde sur fonds sonore de violoncelle.
… / … [grelot d’attente que ceux qui sont nés en même temps que les portables ne peuvent pas connaître]
– « Allo ! »
– « Allo ! C’est la Noiraude à l’appareil ! Je voudrais parler au vétérinaire ! »
… / … [voix nasillarde et très criarde de la secrétaire à bout de nerfs qui se débarrasse du problème]
– « Ne quittez pas ! Je vous le passe ! »
… / … [grelot d’attente que ceux qui sont nés en même temps que les portables ne peuvent pas connaître]
– « Allo !
– « Bonjour Docteur ! La Noiraude à l’appareil ! »
– « Bonjour la Noiraude ! Qu’est-ce qui ne va pas encore ? »
Après ces trente secondes d’une inaltérable introduction, les sujets varient.
– « Docteur ! Je voudrais être une biche … »
– « Docteur ! Figurez-vous docteur, qu’on vient de couper les pommiers de notre pré … »
– « Docteur ! On vient d’acheter à la ferme, une trayeuse électrique, … »
– « Docteur ! Il paraît que mon lait a un drôle de goût … »
– « Docteur ! Est-ce qu’une blanche vaut deux noires ? »
… / … [que les esprits tordus et malveillants referment cette page et ce billet s’ils voient là autre chose qu’un dessin animé ; « Honi soit qui mal y pense »]
Ce sont deux Français, Jean-Louis Fournier (pour les scénarios) et Gilles Gay (pour les dessins) qui ont créé cette série animée. Elle a fait la joie d’enfance de toute une génération.
Tous les sujets qui nous préoccupent au plus haut point en ces jours de pandémie, d’écologisme, de racialisme et d’hypocondrie y sont passés aux rayons X. Diagnostic précis et préimplantatoire d’un mal civilisationnel à venir.
Avec force humour et débauche de dérision.
À quelques heures du jeudi ou du samedi des prises de paroles primo-ministérielle et présidentielle, que l’on attend chaque semaine aux lendemains des « Conseil de défense », comme un énième possible couperet, nous aimerions bien, nous aussi, « ceux de 70 » et tous ceux des autres « classes d’appelés » du confinement, avoir un vétérinaire à appeler et à qui confier nos états d’âme !
Cela pourrait donner :
Aucune ambiance campagnarde et aucun fonds sonore.
… / … [pas de grelot d’attente]
– « Allo !
– « Bonjour Docteur.e. ! La.le. Noiraud.e. à l’appareil ! »
– « Bonjour la.le. Noiraud.e. ! Qu’est-ce qui ne va pas encore ? »
Aucune ambiance campagnarde et aucun fonds sonore.
… / … [pas de grelot d’attente – pas d’assistante grincheuse – rien du tout d’ailleurs ; plus personne ne sait ce qui va ou ce qui ne va pas]
– « Tout »
– « Retournez à l’étable alors ! Et taisez-vous ! On est sur écoute ! »