
Ce n’était pas à Tourettes-sur-Loup ; là où, même secrètes, elles sont reines. C’était simplement à un jet de pierre des berges de Seine.
A vive allure, elles auraient pu rester tapies dans leur ornière sans même retenir l’oeil.
La chance de les dénicher est à mettre sur le compte d’une vivace humeur poétique.
Et d’un pied à terre, une halte, pour un vrai regard.
Délicates violettes aux frêles pétales ourlés de poésie. Pensées douces au creux des bosquets isolés.
Elles ont modestement accepté de poser gracieusement, de s’étirer timidement pour un petit portrait souvenir.
Au seuil du printemps, c’est là qu’elles offrent leur meilleure mine, une délicate plénitude.
Remontée en selle, leur image en pixels bien à l’abri dans la poche tout autant que toujours ancrée à l’œil, un hymne bien célèbre tente quelques accords pour mettre à l’épreuve les trésors d’une romance enfouie dans la mémoire.
Réunir les notes, fredonner l’air. Rassembler les paroles, les mettre en rang sur la portée musicale.
Les faire défiler dans sa tête et chanter en sourdine.
Explosent les accords et la voix entraînante de Luis Mariano, qui chanta l’amour et les femmes avec tant de fougue.
Son lyrisme et celui de ce matin de printemps ensoleillé se rejoignent.
Allez ! Ce n’est pas difficile ! Ne mégotons pas à être joyeux et à pousser la chansonnette !
L’amour est un bouquet de violettes.
L’amour est plus doux que ces fleurettes.
Quand le bonheur en passant vous fait signe et s’arrête.
Il faut lui prendre la main
Sans attendre à demain.
L’amour est un bouquet de violettes.
Ce soir, cueillons, cueillons ces fleurettes.
Car, au fond de mon âme,
Il n’est qu’une femme.
C’est toi qui seras toujours
Mon seul amour.