
L’avenir est-il dans les grandes surfaces, dans ces temples de la consommation, où la côte de bœuf, crise sanitaire et filière de la restauration bouclée obligent, se brade à 9€ ?
C’est la réflexion, toute simple, presque simpliste, qui peut surgir quand, chez un marchand de primeurs, où on l’on est connu, reconnu, accueilli :
– « Il y a juste ce dont j’ai besoin et pas plus ! »
Pourquoi ?
Parce que, comme c’est un tout petit peu plus cher, on fait bien plus attention à la qualité et à la quantité de ce que l’on achète ; on y met du respect.
On regarde les étiquettes, on note d’où viennent les produits ; le marchand le sait, il les achète lui-même au plus près.
Ainsi, on prend la mesure de toute la chaîne de labeur qui s’inscrit dans la moindre salade et on dépense de l’argent objectif, sans avoir le sentiment de créer un sous-continent, un tiers-monde agricole en France.
De retour chez soi, dans cette veine de consommation parcimonieuse, on range avec soin ses achats. Et on veille à les utiliser jusqu’au bout, sans gâchis.
C’est valable pour les primeurs, pour la boucherie et pour tout type de besoins. Il est loin le temps où, dans un grand bazar du bricolage au centre de Paris, vers Hôtel de Ville, on pouvait acheter des vis et des clous à l’unité ou au poids.
Un coup d’œil dans ses placards permet de mesurer, dans nos stocks inutilisés et inutiles, les sommes qui ne sont plus dans nos porte-monnaie mais dans la trésorerie des grandes enseignes.
– « Il y a juste ce dont j’ai besoin et pas plus ! »
Avec, en prime, la petite phrase sympathique qui change un besoin, la corvée des courses, en plaisir et en dialogue :
– « Et avec ça, qu’est-ce que je vous mets ? »
Certainement aussi, le conseil, l’attention à ce que vous êtes.
Et la réponse :
– « Ce sera tout pour aujourd’hui ! »
Ne pose pas de problème.
Le marchand aussi ne propose que ce qu’il est certain de vendre. Il est un maillon dans cette chaîne du respect.