
– « Si je ne peux pas traduire une poétesse car elle est une femme, jeune, noire, américaine du XXIème siècle, alors je ne peux pas non plus traduire Homère parce que je ne suis pas un Grec du VIIIème siècle av. J.-C. ou je ne pourrais pas avoir traduit Shakespeare parce que je ne suis pas un Anglais du XVIème siècle »
Commentaire désabusé de ce traducteur catalan confirmé, de Shakespeare par exemple, qui n’a pas semblé suffisamment qualifié pour assurer la traduction des œuvres de la poétesse Amanda Gorman.
Une vexation pour de semblables motifs a été infligée à une traductrice néerlandaise
Ce duel en noir et blanc, peu feutré, m’a rappelé une belle mélodie de Paul McCartney dont les paroles semblent couler de source en ces circonstances :
– « Ebony and ivory live together in perfect harmony
Side by side on my piano keyboard, oh Lord, why don’t we ? »
Balade d’ailleurs chantée en duo avec Stevie Wonder. Un Blanc n’a pas refusé à un Noir d’interpréter sa musique et un Noir n’a pas refusé à un Blanc de la chanter. Il se sont senti « côte à côte » dans le texte et en musique !

Voici l’œuvre-discours créé par la poétesse :
– « We close the divide because we know to put our future first, we must first put our differences aside. »
« Mettons nos différences de côté » : vaste sujet lorsque l’on commet soi-même l’injustice que l’on dénonce !
Ou plutôt, utiliser contre les autres, les méthodes injustes que l’on aurait récriées pour soi !
Comment, alors que pendant si longtemps, il a été opposé : « il ne peut pas parce qu’il est de telle couleur ! », en venir à opposer : « il ne peut pas parce qu’il n’est pas de telle couleur, pas de tel sexe ! ».
N’est-ce pas, rouvrir le fossé, répondre à une vieille injustice longtemps dénoncée par une nouvelle injustice nourrie au fiel du ressentiment ? N’est-ce pas la formulation d’un néo-racisme ?
À moins que le racisme ne soit valable que dans un sens blanc/noir ?
– « Mettons nos différences de côté », et ce, en citant les Écritures, le prophète Zacharie (Za 3, 10) : « vous vous inviterez l’un l’autre sous la vigne et sous le figuier ».
C’est bien mal parti pour « Ebony and ivory », à cette aune-là !
Pourtant, en anglais et dans toutes les langues, il est facile de comprendre que l’harmonie vient de toutes les touches du clavier ; les noires comme les blanches.
– « We all know that people are the same wherever you go
There is good and bad in ev’ryone
We learn to live, when we learn to give »