Lingère, repriseuse, couturière, cordonnier, chiffonnier, ferrailleur, étameur, rémouleur, vitrier, rempailleur, …
Une quantité de petits métiers !
Quand la « société de capitalisation » s’est-elle effondrée au profit de la « société de consommation » ?
Certainement, le jour, non répertorié, où l’on a oublié de mesurer le prix et le coût réel des objets, utiles ou futiles, qui remplissent notre quotidien.
Avant le temps de la production de masse, où chaque objet était fabriqué en petites quantités, où il représentait un investissement ; parfois de tout une vie.
Certains matins, sur les trottoirs, les « boîtes à ordures » débordent. S’amoncellent des cadavres d’Ikéa, de canapés, de machines et vêtements en tout genre !
Jetables et jetés. Souvent à peine usés.
Il est loin le temps de l’économie de chaque instant et de toutes les misères :
– « Cette nuit-là, Denise s’était résignée à faire de nouveau le cordonnier. Elle tenait ses souliers, les examinait, regardait comment elle pourrait les mener au bout du mois. Enfin, avec une forte aiguille, elle avait pris le parti de recoudre les semelles, qui menaçaient de quitter l’empeigne. » – Émile Zola, « Le Bonheur des Dames »
Il n’y a pas si longtemps, dans nos sociétés aujourd’hui geignardes mais dispendieuses, les petites femmes blanches à l’accent pointu débarquées de provinces, peinaient à longueur de jour pour une paie précaire à la semaine et tout juste un repas par jour.
Il fallait parfois toute une semaine pour un seau de charbon, une année pour une paire de souliers, toute une vie pour un meuble. Et probablement, rarement, un toit à soi.
Alors, on faisait « durer ».
On soignait ses affaires, on reprisait, on reprenait, on ressemelait, on encharpillait, on aiguisait jusqu’à ce que l’objet s’effondre.
Si on déplie les draps de lin de nos grands-mères, ils sont souvent pavés de pièces de reprise, cousues au petit point soigné, ravaudées encore et encore.
C’est la leçon à retenir : celle de l’économie, de l’écologie de la lingère.
Guillemette Callies 