Odyssée 2021 (#94) – « Les Cloches Sonnent »

Aujourd’hui, les cloches sonnent enfin à nouveau.

Le Carême a-t-il seulement duré quarante jours ?
Liturgiquement, oui.  Pratiquement, cela fait plus d’une année que nous faisons maigre.
Carême, maigre.  De quoi ?  De l’essentiel ou du superflu.

Cela revient à jauger la vie par les biais du verre, soit à moitié plein, soit à moitié vide.
Cela revient à se reclure dans la plainte ou à s’élargir dans la félicité.
Cela revient à regarder ce qui repose réellement au creux de nos mains.

Que savons-nous faire quand nous avons moins ?
Sommes-nous moins parce que nous avons moins, parce que nous paraissons moins, parce que l’on se réfléchit moins dans le miroir de nos divertissements mais bien plus dans le face à face silencieux avec ce dont nous sommes capables, privés de tout accessoire ?

Pour considérer résolument le verre à moitié plein, c’est le sens de Pâques, nous avons été contraints de nous sevrer d’à peu près tout ce qui n’était pas nous.  Ce qui nous liait, au sens de chaînes, aux lests de la dispersion.
Face à nous-mêmes, grandit une acuité aux essentiels de ce monde et transparaît toute la vacuité, l’absurde du reste.

À l’heure où des Élues de la République nous somment de renoncer à nos rêves, à tout ce qui fait l’essence de nos âmes, à commencer par ces rêves, cette part inséparable de notre spiritualité, le son des volées de cloches, en ce jour de Pâques, résonnent comme un éveil, un réveil à la réalité du monde violent que l’on essaie de nous phagocyter, de nous imposer.

Éveil et réveil du pouvoir qui repose réellement au creux de nos mains : combattre et battre ce mal, ces dictatures de la pensée.

Les volées de cloches, à l’instar des bourgeons qui parent de tendres feuilles émeraude leurs rameaux dépouillés par l’hiver, appellent nos âmes éreintées, après qu’elles aient été contraintes au repos, sinon à la réclusion, isolées dans leurs bogues, à se défaire de la gangue de l’inertie, à se bouger, à s’étirer, à se manifester, à se battre de toutes leurs forces, seulement atrophiées mais pas détruites, pour faire jaillir la vie, la sève, la joie qui sont viscéralement présentes en chacune d’elles.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s