– « Tiens ! Comme elles sont ravissantes ! »
Ce qu’il s’est passé, à l’allure où je courrais, c’est que j’avais déjà dépassé la cible, quand cette admiration s’est exprimée dans mes pensées.
La notion de vitesse s’en trouve ici bien relative ; ce n’est pas le cerveau qui va vite, ce sont les jambes. À moins qu’il n’y ait eu de la surcharge dans la bande passante.
– « Aérofreins ! »
La partie frontale a calé sa crosse dans les magnifiques sépales de ce massif d’iris.
Marche arrière, retour sur les pas et surtout sur image.
Pourquoi en faire autant pour de simples pétales ?
– « Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir ! » – Pierre de Ronsard, « Les Odes »
Malgré l’effervescence dans la bande passante, il est resté du flux pour l’émotion, l’évanescence des fleurs et les réminiscences poétiques.
Un peu robot quand même j’ai arrêté le chrono, histoire de ne pas perdre de secondes sans pour autant en perdre une miette.
Une à une, je les ai admirées. Passant, de celle aux camaïeux de mauve, à l’autre aux tons chauds jaunes et violets. Elles se bousculaient toutes pour capturer un regard ; cela aura été à celle qui en ferait plus que les autres pour être élue digne d’un portrait.
– « Laquelle ? »
Celle qui portait la tête la plus haute, la plus fière, irisée de quelques larmes de rosée.
Pour cette fois-ci, tant pis pour les beautés timides et effacées !
Pour la morale : choisir, c’est sacrifier.
Pour fuir les déçues : lancer le chrono et repartir ; illico !
Guillemette Callies 