
Courir !
Un petit jogging, allez : un short, un t-shirt, des « baskets ». Et c’est parti !
Environ pour une heure.
Même le plus novice peut s’envoyer cela ; en souffrant un peu quand même. Gare aux courbatures pendant quelques jours !
Courir, mais courir vraiment !
S’en envoyer, dirait-on. C’est une autre partie ; de plaisir.
Dans ce cas précis, pour dominer l’effort à fournir au long cours, tromper le corps par le mental, il faut une autre stratégie qui n’admet pas le dilettantisme.
Il faut à la fois avoir une idée précise de la difficulté gérable et à gérer et déployer les moyens tactiques pour que, pour le corps, il n’y paraisse, presque, rien. Faire de l’instant, de chaque pas, le plus bel horizon. Le relancer, comme on lance une petite balle à un toutou.
En sortie longue, ce samedi, pour trente-sept kilomètres, c’est à ce jeu que j’ai fait jouer mes jambes. Leur faire oublier l’effort. Pour les tromper, je me suis perdue, déjouant le piège des chemins bien tracés, leur imposant des virages en angle court, aigu, de rudes épingles à cheveux vers des petits sentiers à peine tracés, une descente pour une montée, des souches et des halliers pour des sentiers rectilignes, des raidillons pour un joli passage sans histoire.
Cette sorte de danse n’est rendue possible qu’en faisant corps, plutôt qu’avec ce corps soumis à belle épreuve, avec le terrain, la démultiplication des ruses topographiques. Accompagnant le projet, la forêt se prête avec malice à une créativité presque sans fin.
Voilà comment se crée l’imposture ! Faire diversion. Pour un peu, ce serait presque une métaphore politique, tous ces kilomètres-là !