– « Ah c’est dégueulasse ! »
– « Qu’est-ce que ça veut dire dégueulasse ? C’est la guerre. »
C’est sur cette image, de Jacques Perrin / le Sous-lieutenant Torrens mourant, que s’achève le film « La 317ème Section » de Pierre Schoendoerffer.
Et sur cet ultime dialogue.
La beauté de cette image, sa puissance, non seulement par ses qualités photographiques propres, mais aussi par le réalisme de l’expression du visage de l’acteur, témoigne de celle du film dans son ensemble.
Pierre Schoendoerffer avait personnellement vécu les combats d’Indochine, comme militaire d’active. C’est parce qu’il connaissait intimement les dessous de la guerre qu’il en a fait un film si naturel et si concret.
Si je mets l’accent sur ce film et sur cette scène précise, projeté ce soir sur les écrans, c’est parce qu’il fait écho à une très belle tribune de Robert Redecker parue dans « Valeurs Actuelles », dont je cite les plus belles lignes :
– « Le soldat ne revendique pas, il ne réclame rien ! Il obéit. Il offre son sang. La mort est sa compagne de tout instant. Il est soumis à la grandeur. La déesse du soldat n’est pas celle du militant, du journaliste, de l’intellectuel, du politicien – la société ; la déesse du soldat, à qui il voue un amour à la mort, un amour à saigner, à mourir, est la nation, parée par l’histoire de l’illustre nom de France. (…) la nation est la réalité à laquelle on veut donner, se donner, offrir ce que l’on a de plus précieux, son âme, son cœur, sa vie. D’où le sacrifice. L’homme contemporain, qui ne songe qu’à prendre, ne peut comprendre le soldat, qui ne songe qu’à donner. »
Après cette image, après cette réplique et après cette citation, les donneurs de leçon en boucle sur les ondes, peuvent en prendre des militaires, si tant est qu’ils parviennent, ne serait-ce déjà qu’à en envisager le sens.
Où il y a le sacrifice, il y le droit à la parole.
Guillemette Callies 