Odyssée 2021 (#133) – « Rien en vue »

Combien de temps, de minutes, les ondulations des goélands, le refrain rythmé de la houle, le relief nuancé du ciel gris-irisé, peuvent-ils maintenir un esprit en silence, déporter une âme de ses basses vicissitudes ?
De combien de temps, de minutes a-t-on besoin pour prendre conscience que l’horizon, écran sans sous-titre, le silence, partition sans contrainte, sont des « rien en vue », des illimités offerts.

« Rien en vue ».
Révélation du trésor que peuvent être, par moment, les « rien à dire », « rien à commenter », « rien à argumenter » ; être pris, occupé de l’intérieur au point de ne plus être soumis aux courants contraires à nos songes, à nos divagations.

« Rien en vue ».
La main sur la barre, tenir son cap.
Se rire des astrolabes, des cartes et des compas, naviguer quand même sans prévenir, sans borner, ni rendre compte.

« Rien en vue »
Être poète, « éxilé sur le sol au milieu des huées* » que rien ne gêne pour dériver.

* « L’Albatros », Charles Baudelaire, 1861

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