
Nul besoin des Alpes, des Pyrénées et autres eldorados du dénivelé pour s’en donner à cœur-joie !
Les abruptes falaises normandes n’ont rien à leur envier.
Quelles sensations aériennes que glisser en petite foulée le long de sentiers étroits, ces fines sutures d’herbe bien fragiles qui tentent de couturer les plaies béantes des falaises, ces gouffres le long desquels s’écoulent déjà toute une hémoglobine de terre et de caillots pierreux rougeâtres.
Blessures sans cesse réouvertes par les triturations du vent, les mises à vif de la houle, des averses et des giclées de sel.
Jeux et ballets de jambes au rythme des valleuses et de rafales, un peu de lest repris à la prudence pour se faire un peu peur ; mener ou suivre le groupe ; attaquer ou supporter l’allure.
Quelle escroquerie que ce vent qui, à l’aller, vous pousse dans le dos, vous donne des ailes et, au retour, fait volte-face, fond sur vous pour montrer sa force et éprouver la vôtre.
Du haut des crêtes animées par le vol acrobatique de goélands, au bord d’un horizon sans fin qui communique sa puissance, se sentir soi-même une métaphore du décor ; se sentir invulnérable, sans limites.