Des foules de cinéphiles affamés étaient annoncées ! Des foules, dans cette grande salle, il n’y en avait que onze représentants. Autant dire, que cela ressemblait bien plus à un mois d’août qu’à un plébiscite.
Cela tient probablement au choix du film : « Falling » dont je me demande encore, à l’exception de la photographie, quelle était son sujet. La vieillesse, certainement ; le conflit père-fils, autrement ; la pluralité sociétale, sans nuance ; l’homosexualité, son rejet, essentiellement.
– « Qui trop embrasse, mal étreint. » Il y a trop de tout et on ne voit, ni ne comprend, rien.
Voilà le problème de ce film réalisé par, musique de et avec dans le rôle principal : Viggo Mortensen. Lui qui avait réussi une si belle prouesse dans « Drunk », réussit à paraître complétement à contre-emploi dans le rôle du fils parfait, résilient malgré un père d’une grossièreté et d’une cruauté cinglantes.
Scène d’une famille au parfait schéma sociétal : couple d’hommes mariés, l’un caucasien, l’autre asiatique ; pères adoptifs d’une petite Monica sud-américaine ; frère et beau-frère de Sarah, mère d’un garçon efféminé et d’une fille gothique. Tout ce monde à la tolérance parfaite pour toutes les différences, subissant, comme des premiers martyrs de Corinthe, le fiel incontinent de Willis Peterson, le père, fermier très très conservateur de son état.
Un imbroglio de drames amoureux digne des meilleurs épisodes des interminables séries « Les Feux de l’Amour », « Dallas » ou encore « Desperate Housewives ».
Ce film est un cours accéléré de roman de gare, peut-être aussi un manifeste indigeste de savoir-être progressiste. Pas un film, ni de l’art, cela est certain. Il faudra un deuxième écran pour guérir du premier.
Guillemette Callies 