
Chanson d’automne – Paul Verlaine, « Poèmes Saturniens », 1866
« Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte. »
Le 1er juin 1944, Radio Londres diffusait trois vers de la première strophe du poème de Verlaine pour bander les arcs de la Résistance en France et activer les opérations de sabotage :
– « Les sanglots longs des violons de l’automne »
Le 5 juin 1944, à 21 :15, veille du Débarquement des Alliés sur les côtes normandes, furent diffusés les trois autres vers de la même strophe :
– « Blessent mon cœur d’une langueur monotone »
Verlaine aurait-il jamais pu se douter que c’est au prix de ses quelques vers que s’arracha la liberté ? Et que des milliers d’hommes se mobiliseraient à leur son ?
Il y a longtemps qu’a sonné l’heure des héros mais le vent, chaque année, rejoue leur écho.