
Il n’y a rien à faire, rien à combattre ; simplement accepter de ne pas être, dans le sommeil, confondu à la nuit.
La nuit, ce nul-part, cet équilibre entre hier et demain, ce corridor entre le passé et l’avenir.
Quand le sommeil fait défaut, quand la nuit nous ferme l’accès à son domaine, il faut se résigner et se maintenir dans cet état incertain, cette frange indécise, ces douces limbes nocturnes.
Tout son se feutre, toute lumière se tamise, toute pensée chemine avec lenteur. L’insomnie est une ouate mousseuse dont le contact doit réjouir, car tout se fait autrement, tout se nuance comme les lueurs d’une brume flottant dessus une onde immobile.
Ces limbes ne sont pas un enfer, elles sont un paradis secret qui ne s’offre que rarement, un nul-part à circonscrire soi-même, un équilibre à peser seul, un chemin neuf à tracer.