Odyssée 2021 (#163) – « Sera-t-il publié ? »

Lucien de Rubempré, dont je suis en train de relire avec avidité les péripéties de journaliste, dans le cruel Paris du XIXèmesiècle, m’inspire une certaine commisération.  Je partage avec lui un moment, une gangrène pour l’esprit, où mes écrits n’intéressent personne.
À ceci près que lui finit par avoir, même avec les pires âmes, un cercle de pairs et que son talent, quoique ruiné par la suite, fut à juste titre reconnu.

Ce qui n’est donc pas mon cas, puisque je me trouve bien seule, face à ma page, à mon carnet, à mon crayon et mon clavier.  J’écume les eaux du monde de l’Écrit : cercles de réflexion, journaux, revues, sans en extraire ne serait-ce qu’un mirage d’espoir d’être reconnue, voire envisagée.

Ce dimanche fut consacré à besogner sur un article à remanier de fond en comble pour les Associés d’un cabinet de conseil.
« Trains à sustentation, technologies disruptives, « client-ignorant », maîtrise des assets » furent quelques-uns des mots à ma disposition pour construire une histoire de stratégie industrielle.
Je ne connais rien au ferroviaire !  Et pourtant, il m’a fallu rendre mon propos compréhensible !

Pages, lignes et signes.  Ratures, bavures et renvois.  Lire en silence, lire à haute voix, clamer le texte : lui faire rendre son et gorge !
Besogne et besogne pour, au bout du compte, se sentir satisfaite de ces cinq belles pages aux paragraphes bien calibrés, à la ponctuation rythmée, aux mots précis.

L’envoyer.
Avec, dans les méandres cérébraux, la cruelle question, qui ne trouvera pas si rapidement de réponse : « Sera-t-il publié ? »
L’attente est un poison, une mèche lente, un Damas.

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