Odyssée 2021 (#172) – « Un air Nina »

« It’s a new dawn
It’s a new day
It’s a new life
For me
And I’m feeling good
I’m feeling good »

Je devais prendre le couloir de gauche, mais quelques notes connues ont contraint mes pieds à virer à droite. Méconnaissant les accents masculins de la voix qui portaient les paroles d’un des plus grands succès de l’une des plus grandes chanteuses de jazz américaine, j’ai cru à un mirage sur la simple invitation d’un air de Nina.

Nina Simone possède, possédait, une voix reconnaissable entre mille, un style, une dévotion à son piano dont elle effleure les touches avec une délicatesse, une virtuosité, unique. Quand on connaît son histoire, on ne peut s’empêcher de faire le lien entre les diffus trémolos douloureux de sa voix et les nombreuses déceptions, les durs revers qu’elle a du encaisser. Ils s’expriment là, pudiquement, dans les secrets accents de sa voix.

En fait d’accompagnement, il s’agissait d’une guitare. En fait de voix, la ligne était bien plus grave. Mais les mirages raccordent à des souvenirs qu’on ne croyait plus avoir encore en réserve. Cela tient sans doute aux seules paroles de « Feel good » qui ont résonné, glissé sur le ciment ciré du métro pour venir vibrionner dans mes méninges et y susciter le fantôme chantant de l’artiste américaine.
Nina Simone entonnait cette chanson a cappella, suivie par une entrée magistrale de cuivres qui portaient sa voix au paroxysme de la sensualité du jazz.
C’est cela, cette sensualité vibrante, expressive, aux délicieux accents noirs, aux légers rehauts de gospel, retrouvée dans la voix d’un artiste de métro qui a produit son effet trompeur. Pour mon plus grand bonheur.

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