
La rêverie est un voyage facile. Facile au point de ne nécessiter aucune organisation particulière ; c’est un simple passage entre deux mondes ; un départ sans invitation ; un parcours sans borne.
Il suffit, cela arrive même sans le faire, de fermer les yeux et de laisser l’inconçu, l’impréparé survenir.
Les deux, l’inconçu et l’impréparé, ont des accointances avec tout, le palpable comme l’irréel, mais en particulier avec les sens.
Le voyage peut commencer sur une caresse du vent emmêlé dans quelques mèches de cheveux sur son chemin vers les branches chargées du vert tendre des feuilles du tilleul. Le signal de l’envol peut s’accrocher aux notes graves du bourdonnement laborieux des butineuses infatigables de ces filaments d’or qui sertissent de tout leur poids chaque rameau.
L’échappée s’encorde aux longues effluves douces, sucrées et entêtantes des fleurs qui vous suspendent dans une ivresse onirique.
Les meilleurs rêves sont ceux dont on ne se souvient pas : des pages se tournent sans qu’il soit besoin d’y mettre la main, des trêves se nouent avec les gardiens du temps.
Un vol de papillon, un trille qui répond à un autre, un zéphyr zélé, annoncent le retour sur terre ou une simple escale entre deux songes.
Un les yeux ouverts, le suivant les yeux fermés. Un peu des deux, un peu de tout. Le catalogue est illimité.