
Inutile de chercher des palliatifs pour tuer le temps sur la Ligne 13.
– Lecture : impossible de se concentrer.
– Musique ? Elle est déjà dans l’air ! Elle ambiance le trajet.
Symphonie L13 en boggies majeur !
Composée au début du XX° siècle. Une des plus vieilles et la plus longue du répertoire Métropolitain parisien.
Elle assure le concert pendant tout le trajet. On ne connaît pas le nom du chef d’orchestre, mais assurément, ce doit être un Maestro pour diriger aussi brillamment cette imposante cacophonie jouée par de tels instrumentistes et virtuoses ; invisibles malheureusement.
Elle en envoie la Symphonie L13 !
– Toute la trame musicale réside dans le chant de la traction, souligné par le souffle des ventilateurs.
– Les saccades de ses roulements sont très entraînants. Le contact roue-rail varie selon la vitesse. Ponctuellement, au freinage ou dans les courbes, une chorale de crissements peut doubler ce rythme de tonalités charmantes.
– L’harmonie trouve ses alliés dans les subtiles joutes sonores des moteurs, timidement ponctuées des pincements délicats des cordes à chaque ouverture et fermeture des portes.
Quel enchantement souterrain !
D’ailleurs, il y a foule tous les jours, de très tôt le matin à bien tard le soir. Foule qui doit lui reconnaître un certain talent : une certaine virtuosité pour ne jamais lui faire défaut. Ils seraient 127 millions de fans à venir l’écouter chaque jour, au long fil de leurs abonnements Navigo.
Pour les connaisseurs, on peut déceler dans cette œuvre, les éléments essentiels qui ont dû nourrir l’inspiration de Pierre Boulez pour sa « Polyphonie X ».
Mais, comme moi, ceux qui n’ont aucune oreille souffrent au point de rechercher, en surface, le secours de la première sirène, du premier scooter débridé !