
Tokyo est loin ! L’actualité des Jeux Olympiques ne nous parvient que comme un écho, avec un effet retard qui annule presque l’enthousiasme qu’ils devraient créer. Les mordus sont très certainement, ou sont devenus mécaniquement, des noctambules.
L’exploit de l’athlète néerlandaise Sifan Hassan a donc produit l’émerveillement qu’il méritait seulement quatre jours après sa réalisation.
D’une chute faire une médaille de bronze suivie peu après de deux médailles d’or, respectivement sur 5 000 et 10 000 mètres.
Une athlète qui accroche la corde et s’ensuit un effet domino. Une pichenette du sort qui fit choir la championne Sifan Hassan à la suite d’une concurrente. Sur son visage, explosa la rage de l’idiotie de la situation à juste 300 mètres de la ligne d’arrivée.
Ce qui se passa dans sa tête pendant cette seconde, qui eut pu être fatale, releva de la magie.
Un ressort invisible, un réflexe salvateur la remit, non seulement sur pied, mais lui donna une dynamique telle que, sur la piste, l’image de son incroyable retour prit le dessus sur toutes les autres.
L’image de sa folle remontée met le spectateur en apnée et il ne se relâche qu’une fois franchie la ligne blanche. Il la franchit avec elle et inspire à nouveau.
Si les Jeux Olympiques ne nous atteignent qu’en larsen, la foulée de cette athlète envoie un souffle puissant dans l’écran et l’émotion de la poursuite et du dénouement transperce l’écran.