
Il fallait l’avoir fait. Du moins, il fallait qu’après l’avoir apprise au jardin d’enfant, cette comptine, qui a voyagé, bien rangée, savamment pliée, près de cinquante ans dans le coffre à trésors de ma mémoire, retrouve un bel usage.
Je me l’étais promis, comme un mignon petit pari, un peu idiot il faut en convenir, d’aller la réciter là où elle paraît avoir été composée : Foix.
C’est ainsi que ce soir, j’ai, un sourire de malice enfantine aux lèvres, déclamé :
« Il était une fois
Une marchande de foie
Qui vendait du foie
Dans la ville de Foix
Elle se dit ma foi
C’est la dernière fois
Que je vends du foie
Dans la ville de Foix. »
Personne ne semble savoir d’où cette rime enfantine tient son origine ; il se peut que ce ne soit pas seulement le plaisir des mots qui en ait suscité la rédaction, mais bien plutôt une opposition de fonds à qui l’accord des sons rendait bien service.
Laissons-là les bagarres romaines et cathares, ne mégotons pas le plaisir de ressusciter l’enfant en soi. Les demoiselles qui me l’ont apprise, doivent, quel que soit le nom du Ciel qui les abrite, se réjouir que : bon grain bien planté ne saurait mentir.