
Gaston Phébus, Monségur, Mirepoix, Arize, Montagagne, Cap du Carmil : que de noms inconnus, parfois entendus mais qui ne représentaient qu’eux-mêmes, sans vie et surtout sans relief.
À l’affût, à l’écoute : puisqu’on ne connaît rien, on s’attend à tout. Tout fait question, ceci ressemble à cela de déjà connu mais se trouve là, comme ça, pour d’autres raisons. La ligne bleue des Pyrénées ariégeoises ne ressemble à aucune ligne bleue connue : elle possède une coquetterie qui lui est propre ; sa cousine alpine fait moins dans la dentelle.
Quel bonheur de ne pas tout savoir, de pouvoir, encore et souvent, être surpris. La poésie d’ici n’est pas celle d’ailleurs, chaque nuance compte : il faut aller les chercher.
Il faudra trouver une sonorité occitane qui pimentera la pensée et ses mots : le langage particulier du vent, la mélodie unique des petits ruisseaux, le crépuscule au bord de l’Ariège où les foulques semblent plus insouciantes que nulle part ailleurs. Et glisser la caresse chaude du soleil dans toutes les lignes aussi intensément qu’elle prend possession de tous vos mouvements.
L’œil s’habitue à la lumière rayonnante, ne la lâche pas tant, intense et caressante, elle alimente le regard du rêveur. À l’heure du couchant, les ombres lui reprennent le décor ; elles happent la couleur, lissent tout relief, étouffent un à un les bruits. Il est l’heure de songer autrement, de rester à l’affût, d’intensifier l’écoute ; toujours. Puisqu’on ne connaît rien, on peut rêver sur tout.