
« Musée de Préhistoire Régionale de Saint-Pons-de-Thomières » : voilà un lieu presque anonyme, voire invisible, qui, pourtant, en quelques vitrines, en jette plein les yeux et force à les baisser de modestie. Le « petit musée de la grande Histoire », tel pourrait être une nouvelle accroche pour attirer les visiteurs. Qui sait aujourd’hui que Saint-Pons-de-Thomières joua un grand rôle dans l’histoire du néolithique et donc de l’Humanité ?
Petit peut beaucoup ; ce fut le cas pour moi ce matin.
De spéléologue amateur, réfugié espagnol et enfant du pays, Gabriel Rodriguez devint un archéologue émérite, présentant tardivement une thèse, à la force de sa passion et de sa volonté, sur les sites préhistoriques de Saint-Pons et en particulier sur les « statues-menhirs anthropomorphes ». Cet homme simple est l’initiateur et l’âme de ce musée.
Tous les objets exposés peuvent être oubliés mais certainement pas ces statues, blocs aux formes et gravures dont la pureté réveille quelques émotions, celles de la prolongation de l’outil, dans la main de l’homme, du champ de l’utile, de la survie, à celui de l’art et de la représentation humaine : la perception du « soi ». C’est sans doute cela, la magie humaine, le petit secret, souvent oublié, qui nous habite depuis la nuit des temps.
Dans une réflexion récente, j’évoquais le : « plaisir profond à saisir, à palper, l’élu de notre coup d’œil et à rassasier, par le toucher, l’instinct de caresse de notre poésie silencieuse et secrète » en évoquant notre irrépressible penchant à ramasser des coquillages sur une plage.

J’ai trouvé la réponse dans ces statues et tout particulièrement dans la présentation du premier outil artistique dont l’homme ait sans doute eu l’usage : le « cardial » ; un coquillage, donc !
Cette idée de « l’instinct de caresse » de notre poésie silencieuse n’était donc pas totalement absurde ; c’est avec un coquillage, avec ses dentelures, qu’un jour, un Homme, décida de créer du beau.