
Heureusement que Monique et Maurice m’ont invitée à prendre le thé. Sinon j’aurai terminé mes vacances avec un sentiment de satiété qui n’aurait pas nécessité de suivantes et je serais restée sur cette stupide stupeur pétrificatrice d’avoir potentiellement manqué une entrevue avec Louis XVI ou ce que ses deux cent soixante-sept ans en auraient laissé.
Monique et Maurice connaissent tout. Ils ont leur région, le Somail, dans la peau : ses moindres sentiers, ses moindres trésors. Son histoire, autant par le grand que par le menu détail, n’a pas de secrets pour eux.
Grâce à eux : leurs récits, leurs anecdotes, leurs conseils, les présentes vacances à peine sur le point de se terminer que je m’impatiente déjà des suivantes. Quels programmes en perspective ! Que de chemins noirs à piétiner et que de sentiers menant à des trésors à parcourir.
Mais Monique et Maurice ont fait encore plus pour moi ce soir. Ils m’ont rassurée !
D’une part, Louis XVI est bien – malheureusement – mort le 21 janvier 1793 en Place de Grève, d’autre part, en conséquence, ce n’est qu’un Simili-Lui qui a pris enseigne au départ du sentier de randonnée que je mentionnais l’autre jour dans un autre billet ; assez loufoque, je le concède.
Le pseudo-néo-Louis XVI est un personnage très apprécié localement, très soucieux de la préservation et de la promotion du patrimoine local et qui partage avec notre glorieux mais regretté Monarque deux similitudes : une similitude physique : notre néo-louis-16 aurait les mêmes traits et le même aspect général que notre défunt Suzerain ; une similitude manuelle : notre saint-ponais s’y connaît aussi en serrurerie.
Le partage du thé fut ainsi, vous l’avez compris, un merveilleux moment ; gourmandises terrestres et oniriques au menu. Au cœur d’un jardin en terrasses rocailleuses à flanc de colline, au milieu d’une débauche de bosquets et d’une exubérance de fleurs, les sons crépitants du ruissellement de la fontaine comme les récits de mes hôtes résonnaient de lendemains qui chantent, nourrissaient de rêves à rêver et de projets à concocter.
Rien n’est fini, tout s’invente et l’an prochain, je rencontrerai Louis XVI le saint-ponais ; je vous en reparlerai.