
Une jolie petite brunette aux yeux clairs, à peine plus haute que mon genou.
Il fait bien chaud dans la buvette de la gare et tout le monde souffre un peu : attendre n’est pas gai, certainement encore plus pour un petit gabarit comme elle. Comment expliquer la notion de temps à un enfant dont la perspective essentielle tient aux repas, aux jeux, aux bains et au sommeil.
Faire attendre, rendre supportable demande, de la part de l’adulte, une attention particulière, un dévouement aux petites préoccupations de l’enfant. Comme sa taille, tout est petit chez l’enfant : la compréhension, la concentration, la patience.
Être adulte auprès de ces petits êtres est un travail d’aiguilleur ; incessantes remises sur les rails à l’âge de cette petite fille, de plus en plus lâche à mesure que la maturité s’acquiert.
La jolie petite brunette n’aime pas attendre. Elle le montre, elle le manifeste bruyamment. Sa colère fait d’elle un petit lutin tressautant qui se cogne un peu partout, roule par terre et tape aux portes.
Mais maman papote. Maman n’a pas le temps.
Maman donne une compote. Maman donne un esquimau. Maman donne du jus. Maman donne des bonbons.
Maman donne un écran avec des images.
Maman remet des sucreries dans la machine. Et le silence se fait.