
Avec quel plaisir, et avec quelle délicatesse, une par une dans la masse du buisson, j’ai prélevé les fleurs de lavande aux effluves entêtants. Mes mains embaumaient leurs parfums. C’est la première récolte de l’une de mes innovations botaniques de ce printemps.
Tout au plaisir de la cueillette, me sont revenus à l’esprit les esclandres des producteurs de la Drôme à la fin de juillet : la Commission Européenne envisage d’imposer aux essences de lavande la même réglementation que les produits chimiques qui entrent dans la composition des produits cosmétiques.
Pour être parfaitement précis, il faudra que les marques en énumèrent toutes les molécules, les classent selon les risques allergènes, cancérigènes ou de perturbation endocrinienne qu’elles font courir. La lavande réunit environ six cents molécules différentes. Je me demande s’il faudra bientôt une brouette pour transporter l’étiquette.
Toujours attentive à ne perdre aucune fleur de vue, je me suis rappelée que la lavande est probablement l’une des plus anciennes plantes médicinales utilisées en Europe. Hildegarde de Bingen la recommandait pour aider à la cicatrisation des plaies.
Entre la Commission et Hildegarde, le plaisir tranche : il n’est pas question de sombrer dans les délires du Berlaymont et de craindre de cueillir des risques. Il ne s’agit que de simples et inoffensives fleurs qui, pendant tout l’hiver, vont exhaler leur parfum dans toute la maison.
Tous ces fonctionnaires devraient s’aérer dans les champs ; de lavande. Il paraît qu’inhaler ses effluves aide à combattre l’anxiété, la nervosité et les insomnies ou encore qu’ils guériraient de la migraine.
Cueillette terminée, le constat est là : tout va bien !