
Bébel tire sa révérence. Le beau gosse a canné. Plusieurs manières de dire que Jean-Paul Belmondo est mort. Dans toutes les nuances langagières d’un cinéma libre et couillu qui n’existe plus.
Hubert Bonisseur de La Bath tient encore la dragée haute aux dictateurs des nouvelles vertus, mais pour combien de temps encore.
Il a rejoint le paradis des Grands : Jean-Pierre Marielle, Lino Ventura, Jean Gabin, Victor Lanoux, Guy Bedos, Claude Brasseur, Jean Rochefort et tant d’autres qui portaient beau sans efforts, symbolisaient la gaîté sans artifices, vocalisaient la gouaille française sans faux-semblants, usaient de leur charme viril sans vulgarité.
Qu’est-ce que l’on va s’emmerder sans eux ! Si tant est que l’on ne s’emmerde pas déjà !
Ah, que les beaux gosses nous manquent avec leur parler fleuri qui appelait un chat un chat, leur drague cash qui avait le mérite de faire de n’importe quelle femme une vénus aux charmes puissants.
S’abaisse encore un peu plus – reste encore Delon – le rideau sur le théâtre et les écrans de l’insouciance à l’heure où résonnent, un peu trop, les coups de la censure et de la bienpensance.
S’il n’y avait qu’un mot à retenir, ce serait celui du « Guignolo » :
– « Vous savez quelle différence il y a entre un con et un voleur ? »
– « Non ! »
– « Un voleur, de temps en temps, ça se repose. »
Et pour retourner la sentence du Commandant Donnadieu, aujourd’hui, il ne s’agit pas plus de choisir entre « la médaille et l’oseille », mais entre « le silence et l’uppercut ».
Bébel n’était pas boxeur et cascadeur pour rien. Il faut – faudrait – s’en souvenir.