Odyssée 2021 (#257) – « Des bois flottants »

La crise du Covid, depuis le mois de mars 2020, a montré, s’il le fallait encore après l’hécatombe de la canicule de 2003, combien nos Anciens, étaient fragiles.  Fragiles bien sûr physiquement, mais plus encore psychologiquement.
Il faut se rendre dans ces établissements curieusement nommés « maisons de retraite » et hygiéniquement « établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » pour prendre la mesure de cette fragilité.  EHPAD, quel acronyme évocateur du rebus que deviennent nos parents.

Il y a peu, particulièrement dans les milieux sociaux laborieux, les gens travaillaient presque jusqu’au bout de leurs forces, au bout de leur vie.  L’espérance de vie entre l’arrêt du travail et le trépas était faible.  Mais, au moins, leurs dernières heures coulaient au sein d’une famille, avec leurs enfants et souvent leurs petits-enfants ; ces promesses d’avenir pour lesquelles ils avaient trimé.

À voir ces hommes et ces femmes, souvent perdus, déambuler dans les couloirs et espaces d’une maison de retraite, se réalise que ces corps sont souvent presque déjà des fantômes.  Et germe la question : qu’ont fait ces personnes pour être reléguées ainsi ?  Auraient-elles été plus heureuses, mieux soignées dans des familles débordées par leur quotidien ?  Ce n’est pas certain, mais au moins, elles auraient continué à « faire partie de », à « être ».
Toutes ne sont pas abandonnées, mais toutes sont devenues des bois flottants comme on en croise en mer.

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