
19 septembre, c’est la Saint-Janvier ! Fêter « Janvier » en septembre, qui s’en soucie ? En particulier de nos jours !
Aussi triste que cela soit, ce n’est qu’aujourd’hui que je réalise qu’à la fin des journaux télévisés, à la séquence météo, au moment de l’éphéméride, on ne dit plus « c’est la Saint » ou « c’est la Sainte » quelque chose, mais directement « aujourd’hui nous fêtons les … ».
Exit donc, toute référence religieuse chrétienne, et ce depuis au moins 2015.
Alors que la science populaire, cette culture prodigieuse de l’observation empirique, enseigne depuis des siècles les enchaînements simples de la vie rurale, plus personne ne peut comprendre le sens de ce dicton :
– « Qui sème à la Saint-Janvier, de l’an récolte le premier. »
Ce serait pourtant, en plus de l’explication de ces dictons, une fameuse occasion de montrer au public comme cette Chrétienté est commune à l’Europe, au monde même. Saint-Janvier est fêté dans le monde entier, tout particulièrement en Italie, à Milan, dont il fût l’évêque. Alexandre Dumas raconte le cruel martyr de cet ecclésiastique, ordonné par Dioclétien au IVème siècle, dans son récit de voyage en Italie : « Le Corricolo ».
Cela permettrait de naviguer dans l’Histoire des Peuples, d’évoquer la difficile période de transition entre le monde romain et le monde chrétien.
Bien plus simplement encore, de comprendre d’où vient le prénom que l’on porte : Thomas, Marie, Xavier, Rita.
Mais non : il faut tout effacer. Effilocher fil par fil tout ce qui pourrait permettre de se rattacher à un récit qui a conduit les hommes d’une civilisation à une autre, d’une tradition à une autre, d’un régime politique à d’autres et de montrer que ce qui se déroule aujourd’hui n’est pas forcément moins barbares qu’en ces temps.
Un jour, à cette aune, on dira que le soleil brille, que le vent souffle et que la pluie verse, mais on ne saura plus pourquoi. Autant enfoncer un clou de plus dans l’ignorance collective, ne plus expliquer le fonctionnement des masses d’air.
Et peut-être un jour, ne plus penser du tout.
Ce sera alors la « Saint-Rien » et nous, nous serons, des fantômes en procession.