
À droite, il y a la Sorbonne Nouvelle : bâtiment du XXème siècle en pleine décrépitude. À gauche, il y un alignement de commerces, qui d’épicerie, qui (avant Covid) de librairie, échoppe tristement mais justement nommée le « Palimpseste » puisque, couverte d’affiches de tout acabit, elle s’efface à leur profit.
Et, au milieu de la chaussée, une médaille-épitaphe rappelle qu’ici, il y a bien longtemps, coulait une rivière.
– « Dans son grand dictionnaire universel du XIXe siècle Pierre Larousse indique : « La Bièvre pénètre dans Paris entre les portes d’Italie et de Gentilly traverse par plusieurs bras, qui ne sont que des ruisseaux infects, les faubourgs Saint-Marcel et Saint-Victor, et finit sous forme d’égout recouvert sur le quai de l’Hôpital. Cette rivière alimente de nombreuses tanneries, blanchisseries, teintureries et, entre autres, la fameuse manufacture des Gobelins. Bien que la largeur de la Bièvre ne dépasse pas 3 mètres, cette rivière était redoutable par ses inondations. »

Sur le tapis de bitume, il faut beaucoup d’imagination pour restituer le principe des pieds dans l’eau, d’un cours d’eau, de clapotis, de murmures d’eau. Il en faut encore plus pour concevoir, qu’à quelques centimètres sous le pavé, coule encore cette rivière que l’on a condamnée à ne plus jamais voir la lumière.
Eaux vives et alluvions, marécages et utriculaires, élodée et roseaux oscillant aux caprices du vent, plus rien de cela ne subsiste.
Il paraît qu’à Arcueil et plus en amont, on travaille à sa résurrection. Pour Paris, la pierre du tombeau va être plus lourde et ardue à rouler. L’enrobé noir est son suaire, nos pas son calvaire.