
Étrange film que ce récit de vie d’une famille dont le centre est un homme, mari et père, mais bipolaire.
Lui, à force de crises, à force d’aimer son fils et d’aimer peindre, d’aimer un peu sa femme, accepte le lithium, ce sésame pour aller vers un minimum durable de bien-être.
Tous les détails d’un bipolaire au calme et en crise sont passés au crible de l’image : la rage et la catharsis créatrices, l’effondrement du corps épuisé par l’effervescence, l’hyperactivité angoissante, les tumultes dévastateurs qu’il crée dans son sillage.
On n’en finit plus de souffrir avec cet homme quand on commence à comprendre que l’enjeu n’est pas là. L’enjeu s’ancre dans le personnage de Leïla, agaçant en tout point, dont on saisit rapidement le cynisme des liens affectifs, qui ne tiennent qu’aux hauts et hauts bas de son mari : Damien. Lui malade, elle est aux commandes ; lui, en rémission, elle reprend une place à l’ombre.
Sans la justification de cette maladie qui lui donne une certaine puissance sur la conduite de la famille et particulièrement sur son fils, elle se montre sous son vrai jour : possessive.
Cette compréhension du film n’en est qu’une parmi les dizaines d’autres possibles, tant la problématique centrale du film est noyée par le jeu d’une actrice assez vulgaire dans l’ensemble. Damien Bonnard, et le petit Gabriel Merz Chammah, alias Amine, sont, eux, assez justes dans leur jeu.
La chute du film est dans l’esprit : à définir soi-même ; un jour ou l’autre.