
Je vends la mèche : « Youp’la » est un petit cri de joie ! Une vocalise enfantine de suprême satisfaction.
Pour vous permettre de vivre cet instant de délice, dont nous privent normalement nos statuts d’adultes responsables, sérieux, installés dans la vie : pétrifiés par l’ennui en somme -, je vais vous expliquer comment faire.
Il faut choisir une ligne de métro un peu vieillotte : la ligne 6 par exemple. Celle-ci est idéale. Elle éructe bruyamment toute la noblesse de ses rouages grinçants. Le mieux est de se positionner en tête de rame, dans le premier wagon. Si la station Charles-de-Gaulle-Etoile est son terminus, ce n’est pas sa voie de garage. C’est à Kléber qu’elle se repose. Vous savez : le virage est serré, en épingle à cheveux ; ça tourne beaucoup.
Dans ces conditions, la rame atteint son arrêt assez tranquillement. C’est là que le moment crucial doit se préparer avec méthode.
Donc : dernier wagon de la rame, porte de tête, juste avant le chauffeur. Il faut empoigner la poignée, enfin le loquet, et le maintenir à la verticale en position d’ouverture.
À l’avant-dernier coup de frein, les portes se déverrouillent et, comme vous avez déjà manipulé le loquet, les portes s’ouvrent comme par magie sur l’ultime glissade du train avant son arrêt définitif.
Avec vigueur et un : « Youp’la », sans danger, vous pouvez sauter sur le quai !
Élan joyeux garanti pour le reste de la journée !
Ce n’est pas grand-chose, rien qu’une petite facétie, un petit plaisir volé. Il reste à espérer que le budget manque – encore longtemps – pour changer l’instrument de ce jeu innocent et bien plaisant.