
Tous les restaurants asiatiques réservent, même à l’extrême de l’exiguïté, un refuge au spirituel. « Une petite alcôve trône toujours au milieu de l’effervescence culinaire. »
La file d’attente était un peu plus longue que d’habitude aujourd’hui pour le déjeuner. Alors il y a eu tout le temps nécessaire pour réfléchir, et tenter de résoudre, une question métaphysique de première importance : « Dieu aime-t-il les sodas ? »
Jusque-là, au pied des Bouddhas, habituellement, s’exposaient des fruits : oranges, litchis, et autres merveilles exotiques.
Dans l’échoppe en question, se prosternaient deux pains au chocolat sous cellophane et une canette de soda. Original comme sacrifice rituel !
Mais la réponse ne se trouvait ni dans la pâte, ni dans le chocolat, ni dans l’aluminium, ni dans les bulles. Mais dans le geste : celui de donner, surtout ce que l’on a et surtout ce que l’on peut.
Donner le temps d’une pensée, une parenthèse dans les contingences du commerce de bouche, dans celles de la vie.
Ce don, ce simple geste, Dieu l’aime. Ce geste, ce don est un soda. Alors, Dieu aime les sodas.
Ce n’est pas toujours drôle pour Bouddha de rester comme ça, toute la journée assis (ou debout) sur l’autel, à regarder les clients s’empiffrer de riz cantonnais et autres rouleaux de printemps. Bouddha ne déroge pas à la règle : comme tout le monde, il s’occidentalise. Quand il a soif, quand il a faim, il a bien le droit, lui aussi, à sa petite canette de Sprite. Et pourquoi pas aussi quelques viennoiseries ? Attention toutefois à ne pas en abuser. Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Bouddha qu’on est à l’abri du diabète. S’il le pouvait, Jésus, lui aussi, ne dirait pas non à une petite boisson sucrée, depuis le temps qu’il crève de soif sur la Croix…
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