Odyssée 2021 (#301) – « Quand l’une parle à l’autre »

Une amie, après un apéro amical post-traumatique d’une après-midi mouvementée par la rhétorique et les participes passés, m’a lancé un défi.

Oui, la rhétorique peut être traumatique car un enthymème est un syllogisme, qui est tiré de prémisses, qui conduit à une conclusion, qui peuvent, les uns comme l’une, être compris par des sous-entendus. Autant tout dire directement ; mais cela m’aurait privé d’une amie.
Oui, les participes passés, en particulier ceux des verbes pronominaux, peuvent être traumatiques, car tous – à l’exception de toutes les exceptions – s’accordent avec le sujet ou avec le COD (complément d’objet direct) si celui-ci précède le prédicat, ce qu’autrefois on appelait rustiquement le groupe verbal. Autant ne plus rien conjuguer ; mais cela vous priverait de ces lignes.

Nous nous sommes donc arrogé le droit à une récupération et de ce fait, la récupération que nous nous sommes arrogée était un droit. Là, je crois que c’est un syllogisme assez mou mais un participe passé très dur.

Bref, le défi que cette amie m’a lancé était de parler des « couilles » ; soit ces deux référentiels anatomiques sexuels non-bondissants, quoique cela dépend, que l’on peut plus simplement évoquer par le terme « boules » ou plus médicalement par celui de « testicules ».

Pourquoi le défi d’un tel sujet, si sensible par essence ?
Aller en chatouiller une, « couille », et vous verrez immédiatement par quelle solidarité avec l’autre elle se réchauffe. Quand l’une parle à l’autre, ce n’est plus de la rhétorique, c’est de l’érectique.

Parler de « couilles » prend la suite d’une récente chronique sur leur antonymie : l’utérus ; organe féminin pour lequel il existe une somme non négligeable de synonymes. Dans cet opus, je pourfendais les « féministes de merde » qui n’ont rien trouvé de mieux, pour promouvoir les vertus de la féminité et étayer les fondements du féminisme, que de centrer leur propos, et les photos en 4 par 3 dans le métro, sur ces dits soubassements féminins : la tuyauterie.

Le pendant de cette cogitation, si tant est que le terme « pendant » soit approprié pour évoquer les « couilles », flasque serait une option, est de se pencher sur leur tuyauterie ; celle des « couilles » ; donc.
Mais là, par respect, aussi par pudeur, je m’arrête.
Les hommes ont-ils envie que leurs problèmes de « couilles » s’affichent en 4 par 3 sur les murs du métro. Ont-ils envie que l’on évoque leurs érections intempestives, leurs fuites urinaires et séminales, leurs démangeaisons réflexes, l’hyper-productivité de leurs glandes sudoripares génitales.

Certainement pas !

« Couilles » et utérus, leurs secrets, leur anonymat et leur pudeur il faut respecter, pour ne pas risquer une misérable parité avec « ces féministes de merde », pour ne pas vendre à l’encan les charmes de l’un comme de l’autre sexe.
Il faut garder encore un minimum de rêve et d’allégorie à représenter aux peintres de ce siècle ; des vénus et des apollons délestés des triviales vicissitudes de leur utérus et de leurs « couilles ».

Je ne sais pas si le traumatisme rhétorique est complètement apuré, ni si tous les participes passés sont bien accordés, mais ce que je sais, c’est que, même sans en posséder aucune, j’ai relevé le défi des « couilles ».
C’est ce que l’on appelle, être « couillue ».

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