
Bien sûr l’histoire a pour cadre la bande de Gaza. Bien sûr, çà-et-là, passent quelques messages, notamment sur la rigueur religieuse absurde d’un islam de grenouilles de mosquée, mais seulement sous forme d’allusions, de suggestions. Le spectateur qui a des connaissances sur ces sujets y sera sensible ; celui qui n’y connaît rien, ne profitera que mieux du cœur de l’histoire.
Voici la trame de cette comédie.
Issa (Salim Daw), pêcheur gazaouite, un peu maladroit dans ses soixante ans de célibataire assumé, pose une par une, les pierres de séduction qui lui permettront de franchir le gué qui le sépare de Siham (Hiam Abbass) dont il est secrètement amoureux. Elle est couturière, vivote de ce métier.
Le quotidien du pêcheur et de la couturière pourrait être d’une banalité somnifère s’il n’y avait un peu d’aventure pour lui et beaucoup de charme chez elle.
Au cours d’une de ses sorties en mer nocturne, Issa remonte une statue antique d’un Apollon phallique. Flairant la manne financière, le pêcheur commet l’imprudence d’aller montrer à un antiquaire le phallus en bronze qui s’est brisé pendant le transport. Dénoncé, le receleur passe de mauvaises heures entre les mains de la police locale.
Finalement, de pantalon raccourcis par Siham aux revers complètement ratés en aspersions excessives d’eau de toilette, la belle issue attendue se produit : Issa fait sa demande en mariage à Siham. La cocasserie de la scène provoque une hilarité finale que l’humour de la nuit de noce nautique ne démentira pas.
L’intéressant du film est ce qu’il se passe sur les visages. Là réside presque toute la qualité du film ; de la gravité à l’émotion, des mines navrées d’Issa aux sourires entendus de Siham ; des regards éclairs réprobateurs de la sœur-duègne d’Issa aux œillades amicales entre Issa et son meilleur ami : tout est juste.
Juste aussi l’humour qui s’infiltre dans toutes les scènes, en particulier celles de la statue qui contraint les protagonistes à des tours de passe-passe avec leur pudibonderie.
Une autre scène, dans l’échoppe de la couturière, où Issa contrefait la satisfaction devant le carnage flagrant des ourlets de son pantalon, en est un des meilleurs exemples.
Voilà un film plaisant dont l’histoire, presque simpliste, ne serait rien sans le jeu sincère des acteurs.