
C’est un sentiment étrange que celui de s’angoisser dans des normes justement fixées par l’angoisse générale. En 2011, à un minuscule jet de temps, les mêmes symptômes fébriles, voire plus forts, auraient trouvés une explication anodine, banale : tu as pris froid, c’est saisonnier. Pourtant au fond d’un lit, le mal aurait été balayé d’un revers de l’esprit, pris comme une mésaventure ordinaire.
L’angoisse s’est maintenant installée, elle a été cultivée intensivement dans les éprouvettes que sont nos cerveaux crédules et perméables. La Covid et ses trompettes ont envahi l’espace réflexif, balayant tout bon sens ordinaire.
Alors on va se faire tester ! Et on gagne un joli QR code, comme un mot de passe de l’ancien temps qui permettait d’entrer dans les villes en le soufflant à l’oreille de vigiles armés jusqu’aux dents. À l’époque, ce sésame visait à filtrer l’ennemi, à l’empêcher de s’infiltrer dans les murs. On y pouvait physiquement.
Après le test, le verdict, on peut revivre ; on peut rentrer dans la vie.
Mais s’agissant d’un virus invisible à l’œil nu, quel que soit les efforts de défense, il effectuera son travail. Il ne fera, il ne fait pas semblant ; il réussit. Ce virus viral se double d’un virus cérébral : cette fameuse angoisse qui a puissamment pris racine dans toute notre rationalité.
C’est vrai qu’il y a des malades, c’est vrai que beaucoup en meurent. Mais quand on regarde la spirale destructrice qui enroule et chamboule toutes les activités humaines depuis mars 2020, force est de constater qu’aucune mesure n’a contraint l’affaire.
Bien que recroquevillés dans nos peurs, caparaçonnés dans toutes nos précautions, le virus gagne sur tous les terrains.
Plus nous faiblissons, plus il semble se renforcer. À méditer sans doute.