
Est-ce un choix ?
Un quotidien opportunément posé sur le coin de la nappe à carreaux rouges offre une contenance. Mais se concentrer paraît difficile. L’œil, soucieux, balaie à trois cent soixante degrés les tablées alentours. Le regard guette les rires, l’ouïe surveille les mots sauvages qui s’égarent, aigus, hors des tables, la bouche s’ouvre mécaniquement sans prêter d’attention particulière aux mets alléchants qui posent dans l’attente d’être consommés.
Seul. C’est peut-être un choix ; ou non.
Il n’en reste pas moins que l’être, seul, homme ou femme, jeune ou âgé, n’est jamais totalement naturel et que, l’émotions des autres l’appelant, on se laisse dédoubler pour faire comme si on était avec eux. Involontairement, on fait siens les liens des autres, on les invite à prendre place, sinon en face de soi, du moins dans son imaginaire : ce que l’on aurait répondu, là où on aurait ri.
Seul n’est pas naturel. Le miroir dans les autres est essentiel.