
Pierre de Ronsard, en une époque où les frontières de la France étaient instables et étendaient encore leurs limites, louait dans un long hymne les grâces de son pays :
« … Toujours le Grec la Grèce vantera,
Et l’Espagnol l’Espagne chantera,
L’Italien les Itales fertiles,
Mais moi Français la France aux belles villes,
Et son renom, dont le crieur nous sommes,
Ferons voler par les bouches des hommes…
Il ne faut point que l’Arabie heureuse,
Ni par son Nil l’Egypte plantureuse,
Ni l’Inde riche en mercerie étrange,
Fasse à la tienne égale sa louange; »
Plus loin :
« Que dirons-nous encor de notre France ?…
C’est celle-là qui a produit ici
Roland, Renaud, et Charlemagne aussi,
Lautrec, Bayard, Trimouille et la Palice,
Et toi Henri,…
Roi qui doit seul par le fer de la lance,
Rendre l’Espagne esclave de sa France,
Et qui naguère a l’Anglais abattu,
Le premier prix de sa jeune vertu.
Je te salue, ô terre plantureuse,
Heureuse en peuple, et en Princes heureuse !
Moi ton Poète, ayant premier osé
Avoir ton los en rime composé,
Je te suppli’ qu’à gré te soit ma Lyre… »
Les époques, les contextes et les personnes changent, passent, mais l’âme demeure car ses racines sont profondes.