
Le soleil se lève. Le soleil est à son zénith. Le soleil se couche. Curieux de voir comme certains jours, un détail du décor qui était passé jusque-là inaperçu prend une importance soudaine. Les barreaux du bureau ont grandi au point de gripper tous les coups d’œil. Ça coinçait à chaque passage.
Tant qu’à y consacrer de l’attention, il restait à capturer la course des heures qui, elles, s’égayaient à l’extérieur. Quelle chance elles avaient !
À chaque relâche, et il y en eût beaucoup, pour tromper l’incarcération, comme projetées par des souvenirs sur un écran éphémère, des scènes de films défilaient. Particulièrement celles avec Steve McQueen dans La grande évasion. Cet assidu Roi du frigo du Stalag Luft III, jetait inlassablement de sa main gantée sa balle de base-ball contre le mur de sa cellule sous l’œil de veau de son geôlier vert-de-gris.
L’esprit le suit, rampant le long du tunnel creusé avec acharnement avec ses colistiers. Le rêve avance, la liberté est proche.
On le voit tendre un fil au travers de la route pour récupérer une moto et fuir encore plus vite vers la Suisse. Mais hélas, la course poursuite se prend les pieds dans les barbelés, au seuil du but et de la liberté.

L’esprit, déçu de ne pas poursuivre son élan, s’emmêle dans les barreaux, avoue sa défaite, reprend le collier et retourne au travail. Les cheveux juste un peu ébouriffés par le vent du rêve.