« Flâneries 2023 » – # 18 – « Question d’œufs »


Les embryons de poussins et les embryons d’humains n’ont pas la parole. Et c’est sans doute dommage parce que, pour le peu de temps qu’ils passent à l’abri et au chaud, ils auraient sans doute beaucoup à commenter sur leur sort, d’autant qu’ils n’ont pas demandé à se trouver là et à être condamnés au pire des trépas.

C’est une petite phrase, en conclusion d’un communiqué de presse, qui pousse à ces quelques lignes de réflexion : les embryons de poussin mâles ont de la chance, on se penche sur leur cas avec détermination. « Il est donc crucial que les associations et les citoyens fassent entendre leur voix auprès des institutions européennes pour que l’élimination des oisillons soit enfin interdite dans toute l’UE. » C’est en ces termes que l’association L214 résume la force et valeur éthique de son engagement.

Après la France, en pointe sur le sujet, l’Allemagne, suivies de près par l’Autriche, l’Union Européenne, pressurisée par les groupes d’influence, semble prendre le chemin d’une interdiction complète de l’élimination des oisillons ; qu’ils soient mâles ou femelles, c’est-à-dire utiles soit, poulette, pour les œufs de futures omelettes, soit, caneton, pour les foies gras de futurs toasts.

La coquilles des œufs de gallinacés ou d’anatidés doit certainement être plus émouvante que la peau lisse des ventres des mammifères, aussi appelés hommes. Pour ces embryons-là, on peut broyer légalement, même, sous les acclamations de la foule, jusqu’à quatorze semaines de grossesses, soit seize semaines d’aménorrhée ou après le début des dernières règles. Remarquez, on noie bien des chiots et des chatons en surnombre.

Les embryons de poussins et les embryons d’humains n’ont pas la parole. Les premiers sont broyés, les seconds aspirés. Leur mort silencieuse ne diffère ainsi que par le bruit de la méthode employée et par l’écho – médiatique – que celle-ci produit. Reste à imaginer ce que diraient, les parents-gallinacés, poules et coqs, s’ils avaient, eux, la parole. Ils défendraient peut-être l’arrêt de l’aspiration des embryons humains ; même après gazage ? Si l’on suppose la souffrance, si l’on dénonce le crime chez l’un, pourquoi ne pas le supposer, le dénoncer chez l’autre.

Des questions à se poser en son for intérieur ou à Simone ; dans les deux cas, sans bruit.

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