C’est un vœux formulé chaque matin en traversant cette cage de verre, paquebot immense, échoué, incongru dans ce cœur de Paris où dominent les immeubles XVIIIème : rasez tout ce verre et rendez-nous l’espace. Nous ne sommes qu’à quelques encâblures du jardin des Tuileries et pourtant, il faudrait un supplément d’air.
C’est une image renouvelée chaque matin, soudain, la place est réunifiée, les terrasses de café égayent un jardin poétique, pas trop géométrique, d’où débordent des rosiers Ronsard aux fleurs sophistiquées : allez, bulldozers ! Arrivez ! Nous sommes dans un village, une place : il y faudrait une fontaine, des bancs pour filles et garçons amoureux.
Les bureaux sont désertés, plus rien ne vit. Seuls y dorment, par contraste tragique, à même le sol de ce temple déchu de la finance vorace, des hommes sans plus aucun port d’attache. Voyez, les banquiers sont allés chercher du profit ailleurs, reconnaissez que c’était une erreur, effacez-la ! Cultivez de nouvelles dividendes, lancez de nouveaux investissements : s’il vous plaît : du vert !
Mais, tous les matins, le géant se dresse, impassible, indifférent au vœux les plus fervents.
Guillemette Callies 