
« J’ai voulu vous éviter ! » Et c’est comme cela qu’il m’est rentré dedans. Belle chute en vérité, dont le seul bénéfice, à mon endroit, fut d’avoir un homme à mes pieds. Chose assez rare pour être soulignée !
Petite sortie bien matinale en bordure de Seine, foulée heureuse, musique vissée sur les oreilles : matinée de week-end comme on les aime. Je reconnais une silhouette venant à contre-sens, un ami, grand sportif, montagnard, coureur émérite.
On sent le garçon fatigué de sa semaine, rythme effréné, la tête qui mouline des idées et des trucs à faire et à ne surtout pas oublier. Trois mots amicaux, quelques encouragements et surtout une accolade, pas virile, je ne suis pas un homme, féminine, affectueuse mais mesurée. Ça, je crois qu’il a apprécié.
Est-ce que c’était de voir un mec se faire serrer dans des bras de femmes qui a perturbé la trajectoire à vive allure du cycliste ? Je ne le parierais pas. Il n’en reste pas moins que je me suis portée à son secours, lui ai prodigué attention et paroles réconfortantes. Il a fait le courageux, mais je sentais bien qu’il avait eu chaud.
– « Est-ce que je peux vous laisser ? »
– « Oui, je vous assure ; tout va bien ! »
Je suis repartie, j’ai jeté un coup d’œil par-dessus mon épaule : lui était debout mais son vélo, lui, était à terre. J’ai vu qu’il se penchait sur lui et en prenait soin.
La roue tourne !