Image ; tous droits réservés et remerciements au Musée Marmottan-Claude Monet
Aujourd’hui, il y avait, même avec des degrés en dessous de zéro, du soleil partout : jouant les éclaireurs dans les chemins boisés du footing matinal, donnant des leçons d’art dans les salles un peu bondées du musée Marmottan.
Et un petit refrain sympathique tambourinait dans ma tête : « Sous le soleil exactement – pas à côté, pas n’importe où – sous le soleil, sous le soleil – Exactement – Juste en dessous » (Serge Gainsbourg, 1967).
En réalité, juste devant ! Devant le « Soleil couchant » de Gustave Courbet, et juste après le soleil d’Eugène Boudin, de Félix Vallotton et, évidemment, devant l’« Impression soleil levant » de Claude Monet.
Ce matin, le long des allées encore zébrées des sombres ramures dénudées des arbres en attente de printemps, l’astre clignait de ses rayons joyeux. Il réveillait tout, vitaminait la foulée, donnait du cœur à l’ouvrage, mais, malgré de louables efforts, ne parvenait pas à réchauffer. Dans les salons de l’exposition, ce fut tout le contraire. De toile en toile, les Celsius prenaient de la force, les concentraient pour chaque regard, les partageaient à chaque station.
Le « Port au soleil couchant » de Paul Signac, à petites touches serrées, réchauffait jusqu’à la plus fine parcelle d’épiderme, embrasait le cœur d’émotions exotiques : peut-être un havre en Méditerranée, une escale hellène, une relâche au pied du phare d’Alexandrie. Toute la vue happait l’esprit ; pour un peu, le pied entrait timidement dans l’eau brillante, le corps s’immergeait dans l’onde tranquille et se couvrait d’or.
« Sous le soleil exactement », peut-être même dedans, enveloppé dans sa chaude houppelande ; un rêve réconfortant au cœur des frimas, une image têtue à projeter pour chasser l’humeur maussade le reste de la journée et à réveiller la nuit pour des rêves au long cours.
Guillemette Callies 