
Le printemps se prépare ; la douceur de l’air, sa légèreté l’annonce. Les signaux sont encore ténus, mais à l’œil attentif, ils se distinguent. Les arbres sont encore nus et dévoilent sans pudeur de quel bois est faite leur ramure. Comme les nuages, les troncs et leurs branchages dépourvus des atours de leurs feuillages prêtent au plus prolifique travail de l’imagination. C’est ainsi que, cheminant dans les sentiers, apparût un luth géant, faîtage remarquable d’un parmi tant d’arbres. Toute la musique du vent s’explique alors, quand il circule dans ces hauteurs pour jouer de ces cordes naturelles. Chaque saison possède ses accords propres selon que les branches sont nues en hiver, bourgeonnantes au printemps, parées de milles feuilles en été, effeuillées à l’automne. On comprend aussitôt les envolées tournoyantes de Vivaldi, on comprend l’inspiration toujours recommencée des poètes ; on comprend simplement son propre besoin de rêverie.