« Flâneries 2023 » – # 59 – « Une de nos préoccupations premières »


À Chicago, son discours ne durera que quelques minutes, mais cela aura été suffisant à Georges Pompidou, alors Président de la République et en voyage officiel aux États-Unis, pour, avec une voix française si prestigieuse alors, donner de l’écho aux prémices de la conscience environnementale. Paradoxe si l’on considère qu’à cette date, le 28 février 1970, l’ère de la consommation de masse était en plein essor. Pour Pompidou, la sauvegarde de la planète doit devenir une de nos préoccupations premières.

C’est un discours sobre et efficace qui place en vis-à-vis des enjeux antinomiques comme celui du développement fulgurant de l’automobile, qui assoit la richesse industrielle des États-Unis autant que celle de la France, et ses pendants tragiques que nous combattons toujours aujourd’hui : embouteillages, pollution, épuisement humain. Avec humour, le Cantalou conclut : « Le temps n’est pas loin où la marche à pied apparaîtra comme le mode de transport le plus sûr et le plus rapide dans nos grandes cités s’il y reste encore des trottoirs ! »

En fin de compte, le grand écart politique, économique et moral qui commence à s’imposer aux responsables du monde d’alors peut se résumer avec une comparaison pour le coup très automobile : comment avancer et freiner en même temps. Ce n’est pas que le pied qui est contrarié. C’est toute la folie consommatrice de la fin du XXème qui est pointée : « (…) l’homme est amené́ à remettre en question la croyance à un progrès linéaire selon laquelle chaque succès de la découverte s’ajouterait aux précédents dans une chaîne continue conduisant au bonheur. »

Nous sommes toujours aujourd’hui dans cette contradiction ; nous avançons vers des solutions technologiques qui nous apparaissent miraculeuses : la batterie électrique, mais nous restons toujours et encore dans le principe de la consommation intensive. Alors qu’il faudrait une rupture drastique avec cette logique. Nous sommes trop nombreux, trop voraces pour une planète qui est finie. C’est à la Terre vue de l’espace avec les premiers voyages spatiaux, que le Président termine sa péroraison : « Quelle vision mieux que celle-là̀, étrange et pourtant familière, pourrait nous donner conscience de la précarité́ de notre univers terrestre et des devoirs de solidarité́ qu’implique la sauvegarde de la maison des hommes ? »

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