
En avril, ne te découvre pas d’un fil : proverbe ô combien vérifié ce jour où le thermomètre a chuté et où le vent disperse ces degrés glacés. Météo pain béni pour les coureurs du Marathon de Paris, certainement un brin réfrigérante dans les sas de départ, mais agréable pour tenir l’effort 42 kilomètres et 195 mètres durant.
Agréable aussi pour une sortie bien longue de 30 kilomètres, non pas le long des rues de Paris, mais dans les sentiers caillouteux et boueux de la forêt de Fausses-Reposes. « Fausses-Reposes », en vénerie, résume les feintes du gibier, cerf ou sanglier poursuivi par la meute et l’équipage, pour échapper au sacrifice. C’est vrai qu’avec ses vallons, ses futaies et ses crêtes, il y aurait de quoi déjouer les chiens et les faire tomber en défaut ; il faut avoir des jambes et un cœur solides. Par sa course, réchauffer la froidure, éviter les soufflets du vent.
À quoi rêve un coureur au fil des kilomètres ? La bande passante est dense, souvent saturée, à la fois de pensées fournies et complexes et d’autres simples, diffuses ou bien cafouilleuses ; fugaces. Pas forcément d’ordre ni de connexions. Mais souvent des lignes de fuite baroques, très matérielles et souvent alimentaires, comme la perspective d’un déjeuner roboratif, servi sans effort comme par magie. Cela se concrétise souvent, au bord d’un comptoir d’un estaminet accueillant où le service est rapide, où l’on connaît vos habitudes et vos exigences. Le coureur d’endurance pense souvent, à un point de son effort, à l’issue, à l’écurie, à la douche chaude et à défier les recommandations de l’organisation mondiale de la santé : manger gras, salé, sucré, soit la récompense de l’effort, le réconfort dans un coin tranquille.