Dresser une jolie table, se soucier du menu ; faire beaucoup avec peu et surtout, faire de chaque geste une fête : voilà la grande affaire des repas de famille, lorsqu’une mère, ou un père, ou les deux de concert, s’ingénient à faire naître, d’une multiplicité de détails, des joies simples.
Échos des voix claires et joyeuses des enfants qui s’annoncent en poussant la porte, confiantes du sort affectueux qui les attend, impatientes de découvrir les attentions prévues à leur intention.
Apporter à tout un soin particulier ; se rappeler des goûts de chacun, assortir les saveurs, n’oublier aucun des ingrédients, penser au plaisir de tous les sens : voilà la finalité des préparatifs, ce lit où pourront s’étendre, se reposer, se ressourcer les enfants, ces petites personnes en devenir, ces personnes accomplies en plein essor ou encore les amis, l’entourage.
Exclamations de surprise heureuse, de contentement, de gourmandise qui animent le jeu des acteurs, qui égayent les échanges, qui encouragent l’expression du bon et du bien en chacun.
Petite entrée printanière, gigot crouté à souhait, jus généreux et goûteux, pommes de terre moelleuses, Pic Saint Loup profond, fromages à point, dessert généreux mêlant la puissance du chocolat fondant, l’acidulé des premières fraises et l’onctuosité d’une Chantilly fraîche. Œufs de Pâques posés en offrande au coin du verre à pied et cadeau surprise qui attend son cri de joie. Parler de tout et de rien, passer du coq à l’âne, anecdotes et commentaires, éloquence et silence. Clin d’œil, serrements de mains et baisers maternels.
Mise en scène délicate qui procure à celui, celle, ceux qui l’élaborent, une joie profonde, puisée dans une connaissance intime de l’autre, nourrie de la contemplation des visages heureux, en paix, prolongée par le sentiment à mèche lente de l’avoir gravée délicatement dans le cœur autant que dans l’esprit des êtres chers.
Fatigue heureuse, apaisement : satiété d’amour familial.
Conjugaison réussie des joies simples.
Guillemette Callies 