« Flâneries 2023 » – # 100 – « Le détail était dans le parapluie »


« De quand date ce travers ? Mais de quel travers parlez-vous ? De celui, un brin parasite, d’être à l’affût des anachronismes dans les films historiques. »

Cela a commencé avec Un dimanche à la campagne, film de Bertrand Tavernier daté de 1984. L’amie qui m’accompagnait faisait remarquer, pendant une scène d’intérieur, une ampoule dépolie au plafonnier d’une cuisine. À l’époque où se situe le film, il n’existait que des ampoules transparentes. Depuis, presque involontairement, mon attention traque non-seulement les erreurs scéniques, mais aussi les défauts en tout genre. Par exemple, dans un récent film d’époque, XVIème siècle, deux acteurs dialoguent partiellement en langage des signes, alors que celui-ci ne sera formalisé tel que porté à l’écran qu’à la fin du XIXème siècle. Ah, les détails, quand ils nous tiennent !

Dans Les Trois Mousquetaires : d’Artagnan, sorti la semaine dernière, la scène d’ouverture affiche un de ces anachronismes qui sautent aux yeux. Là, le détail était dans le parapluie, dont le modèle déployé à l’écran dans une scène de pluie battante ne pouvait exister en 1627, époque du règne de Louis XIII. Le premier parapluie pliant a été créé à Paris en 1705 par un commerçant dénommé Jean Marius.

« Qu’est-ce que vous faites alors, quand vous observez ces anomalies ? Je secoue la tête, rabroue mes méninges et me concentre sur l’histoire elle-même. »

Là, au fil des duels, courses poursuites, œillades amoureuses, couvre-chefs à plumes, colifichets et falbalas, il y avait matière à se laisser reprendre par le décor et surtout pas l’action elle-même. Charles d’Artagnan est si beau, si impétueux et en si belle compagnie avec Vincent Cassel-Athos, Romain Duris-Aramis et Pio Marmaï-Porthos. La mise en scène a laissé de côté le propret des vêtures bleues à cols de dentelle et des parquets cirés pour un décor plus réaliste, proche de ce que devaient être les allures de l’époque dans un Paris boueux, breneux, où le passage aux étuves relevait de l’option. Grâce à la bravoure de d’Artagnan et d’Athos, les ferrets offerts secrètement à Buckingham retrouve leur place autour du cou d’Anne d’Autriche, qui était d’origine espagnole. C’est l’actrice Vicky Krieps, d’origine luxembourgeoise, franco-néerlandophone donc, qui tient le rôle de la reine. Avec un léger accent anglais !

« Vous êtes incorrigible, semble-t-il ? Hélas, trois fois hélas, cela se peut ! »

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