
Le monde, la France voit enfler, chaque jour que Dieu fait, un tumulte où toute parole semble être devenue inaudible, sinon vaine. Cela craque de partout, il ne faut pas s’étonner que nombre d’entre nous cherche la paix, autour et à l’intérieur d’eux. La poésie est un des moyens de la trouver, voyage hors de soi à peu de frais et à grand bénéfice, pour porter le regard ailleurs, pour entendre des sons qui ne soient pas une clameur rageuse.
Chanter le temps qui nous échappe avec Alphonse de Lamartine :
« Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »
Partir glaner des vers, plus loin, à l’est, en Chine avec Li Bai, et larguer ces lourdes amarres de la colère populaire :
« Dure est la route, dure est la route
Tant de détours et de bifurcations ! Où se trouve la route royale aujourd’hui ?
Un jour viendra dans le grand vent et les fortes vagues
Je hisserai ma voile de nuage et naviguerai librement sur la mer ! »
S’asseoir et regarder les beautés du monde ; écouter leurs louanges dans les mots choisis de la poésie. Consolation passagère des offenses de l’histoire.