On ne voyait que toi ce matin ! C’est vrai, on se réveille, on ouvre les yeux, les volets, les fenêtres et paf ! Encore embrouillé de rêves, on met un pied dans le vert, le jardin tend ses ramures, le soleil distribue ses rayons au gré du caprice des nuages et on s’étire pour célébrer tout cela, et claque, tu étais la tache noire sur le mur blanc. Tu traînais dans ta bave un je-ne-sais quel brin d’herbe à l’agonie. Alors que tout se remettait doucement à l’endroit et trouvait sa place, tu étais là, collé à contre sens, sûrement égaré autant loin des tiens que de tes réserves gourmandes. Le premier mouvement fut de se précipiter main tendue pour te remettre, et à l’endroit et sur ta route, mais, un habile génie compatissant, un dieu tutélaire commis au service des gastéropodes à coquille et autres limaçons, fit barrage et immobilisa le geste de l’inconséquente redresseuse de trajectoire. À bien y réfléchir, dans cette suspension d’un élan samaritain, il y avait certainement beaucoup de sens, voire principalement du bons sens, à ne pas te replacer aveuglément dans celui, docile, de tout le monde. Résigné, ne restait plus qu’à tourner les talons, à partir mettre de l’ordre et du sens dans des idées désormais chiffonnées dans une tête à l’envers.
Guillemette Callies 