« Flâneries 2023 » – # 127 – « La légende de l’hiver »


Il n’est pas toujours satisfaisant de se contenter de la science, en particulier lorsque celle-ci énonce froidement de grands principes, comme ceux à propos des saisons. Pour l’astronomie l’hiver se définit comme la saison qui débute avec un solstice et se termine avec une équinoxe, s’insérant ainsi entre l’automne et le printemps. Pour la météorologie, l’hiver correspond à la période la plus froide de l’année où il comprend, dans l’hémisphère nord, les mois de décembre, janvier et février. Cette explication manque désespérément de sel. Pour combler ce manque, il faut s’en remettre aux légendes évocatrices que les statues de marbre, comme celle sculptée par François Girardon et posée au centre du bosquet de la Colonnade des jardins de Versailles, nous rappellent.

L’œuvre de Girardon célèbre l’épisode de l’Enlèvement de Proserpine par Pluton raconté par Ovide dans le chapitre V de ses Métamorphoses. Tombé amoureux, Pluton enlève de la plaine d’Enna en Sicile où règne un été permanent, sa jeune nièce Proserpine qui ne s’y occupait qu’à cueillir des fleurs. Cérès, déesse de l’agriculture, affligée par la disparition de sa fille, erre sur la terre à sa recherche pendant neuf jours et neuf nuits sans se nourrir. De chagrin et de colère contre son frère Pluton, elle néglige les récoltes et fait courir aux hommes le risque de mourir de faim. Devant cette hypothèse dramatique, Jupiter est contraint à intervenir entre ses frère et sœur pour les amener à un accord. Proserpine alternera chaque année deux tiers de sa vie sur la terre avec sa mère et un tiers sous la terre avec son mari Pluton. Tout le temps du séjour de sa fille dans les ténèbres, Cérès en portera le deuil et ne laissera plus rien fructifier. Ces mois de l’année prendront alors le nom d’une saison : hiver.

Voici la légende qui explique vraiment ce qu’est l’hiver. Son résumé, en quelques mots et en quelques grammes de marbre, a tout de même beaucoup plus de charme que de laconiques définitions. Pure mécanique, la science manque cruellement d’imagination.

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